Revue générale, nº 8-9, 1980
Né en Cordoue en 1135, mort près du Caire en 1204, Maïmonide, philosophe médecin et théologien juif, fut appelé « l’aigle de la Synagogue ». Son Guide des égarés, écrit en arabe, vers 1190, a été traduit dans toutes les langues et abondamment commenté parce que c’est une œuvre majeure de la pensée juive. Soulevant le grand problème du conflit entre la foi et la raison, cette somme magistrale montre comment la tradition hébraïque peut être confrontée avec la philosophie d’Aristote. Pour l’auteur, protecteur de l’orthodoxie hébraïque, il s’agissait de mettre les élites juives en garde contre la séduction d’une philosophie arabe et grecque.
Dans sa préface, Claude Birman indique comment Maïmonide institue un dialogue entre mosaïsme et philosophie. Le « décisionnaire » n’est ni simplement talmudiste, ni purement aristotélicien. Il cherche le joint entre une Torah en devenir et un humanisme épuré. Il veut donner un nouvel essor à l’homme religieux, tout en expliquant les allégories et autres formes obscures rencontrées dans les livres des prophètes. D’après l’auteur, la prophétie est une faculté naturelle que chacun peut acquérir par la perfection morale et mentale. Ceci rejoint les vues actuelles sur l’aspect charismatique de la recherche religieuse.
Au Guide des égarés les éditeurs ont ajouté le Traité des huit chapitres. Il s’agit, nous dit le préfacier, Franklin Rausky, du tout premier traité hébraïque et judaïque de psychologie : « Alors que les antirationalistes juifs voyaient une opposition irréductible entre la vision judaïque de l’homme et celle de la Grèce antique, Maïmonide propose une vue anthropologique qui se veut à la fois l’héritière de Jérusalem et celle d’Athènes. »
Pour Maïmonide, toutes les actions de l’homme relèvent de lui-même, aucune nécessité ne pèse sur lui à cet égard, aucune force étrangère ne l’oblige à tendre à une vertu ou à un vice…
Un index général et une table détaillée permettent au lecteur de relever des repères dans ce vaste monument de la pensée juive. Maïmonide apparaît ici comme la plus grande figure du judaïsme rabbinique, l’apôtre de cette religion rationnelle qui, depuis quelque temps surtout, éveille la curiosité de tant de chercheurs.