Actualité juive, 7 juillet 1994, par Franklin Rausky
Une introduction médiévale à l’œuvre de Maïmonide
Il fut un temps où la Provence était un ardent foyer de pensée juive, un centre de réflexion philosophique et théologique de tout premier plan, un lieu d’enseignement et de rédaction des grandes œuvres qui marquèrent le savoir judaïque de tous les temps.
Parmi ces œuvres : le Rouah Hen, littéralement « l’esprit de grâce », ouvrage anonyme, écrit au début du XIIIe siècle pour ouvrir les portes à la compréhension du Guide des égarés de Moïse Maïmonide. Bref, c’est un guide pour le guide…
Le traducteur, Éric Smilevitch, veut montrer, à travers la première traduction française de cette œuvre, que quelque chose de fondamental, de décisif s’est produit dans le monde juif au Moyen âge.
Pour lui, la rencontre qui se produit alors entre Thora et philosophie n’est pas un phénomène passager, un simple et banal « épisode de la vie intellectuelle des communautés juives à une époque déterminée » mais, plus profondément, plus durablement aussi, une nouvelle et très vaste révolution intellectuelle, un lien fécond de formes et du savoir.
Le livre, fidèle à la fois à la philosophie classique et au savoir judaïque, explore les analogies entre les différents règnes de la nature, minéral, végétal, animal et humain (car, pour lui, comme pour tous les auteurs juifs traditionnels, l’homme n’est pas une espèce zoologique à étudier dans le cadre du règne animal, mais l’expression d’un autre règne, avec les qualités intellectuelles d’imagination, raison et prophétie).
Et l’auteur anonyme d’inviter l’être humain à s’éloigner des « comportements indignes et des vaines jouissances corporelles » pour s’élever à la perfection de l’âme, dans la raison et la connaissance, dans une mouvance typiquement maïmonidéenne.