Études juives, janvier 1992, par Gérard Nahon

Dans la série des traductions du Talmud de Babylone de la collection « Les Dix Paroles », dirigée par Charles Mopsik, les éditions Verdier nous offrent une traduction du Traité Makkot dont on appréciera la clarté, la précision et l’érudition. Les trois chapitres du Traité concernent directement les faux témoins, les meurtriers involontaires et les peines corporelles, et plus généralement la pratique et l’éthique judiciaires. Le savant traducteur a conçu sa présentation en fonction tant du propos talmudique, que de ses implications sur l’économie des justices humaine et divine.

Dans une brève introduction (p. 7-35), il envisage les témoins zomemim, leur confusion et leur châtiment, la notion de responsabilité, l’exil dans les villes-refuge (galout) le vengeur du sang et la flagellation. Il aborde, chemin faisant, les notions de la prescience divine et de la Providence et s’interroge sur l’esprit de la législation, particulièrement lorsqu’elle n’est ni appliquée ni applicable. Au terme de l’introduction figurent les textes du Pentateuque auxquels se réfère le traité.

La traduction se présente sur trois registres : le texte de la Mishna imprimé en capitales, même à l’intérieur de la Guémara, celui en minuscules de la Guémara, une abondante annotation enfin, fondée sur les commentaires traditionnels et d’autres développements talmudiques. Le traducteur indique par des parenthèses carrées les termes et membres de phrases qu’il ajoute au texte souvent trop elliptique du Talmud, afin d’en faciliter la compréhension. Une courte bibliographie (éditions, traductions et commentaires rabbiniques du traité), un glossaire expliquant les termes techniques les plus usités et un Index général complètent l’ouvrage et rendent son maniement aisé.

On appréciera dans ce volume, outre la précision dans la traduction d’un texte difficile, l’abondance de l’annotation qui s’attache aux aspects textuels d’une part – variantes des manuscrits et des éditions – à l’univers historique et exégétique sous-jacent qu’il fait découvrir à son lecteur au moment voulu d’autre part.

On saura gré à ce volume excellemment mis au point et présenté d’offrir à un large public comme au spécialiste un accès aussi clair et complet qu’il se peut, non seulement à un traité difficile, mais encore à la logique juridique et exégétique du Talmud.