Lire, janvier 2000, par Catherine Argand
Avides de liberté et d’idéal
Dans le bosquet de bambous d’une demeure patricienne deux petites filles de la bourgeoisie romaine chuchotent. L’une s’appelle Isabella. Excentrique, sensible, aventureuse, elle est veillée par son aînée, Maria la raisonnable, la bonne élève, la secrète.
C’est ainsi que leurs parents les présentent, c’est ainsi que pendant longtemps elles se regarderont, s’aimeront et de fâcheront parfois sans jamais renoncer à être chacune la mesure de l’autre.
De ce lien tissé serré comme une natte et de leur vie agitée par les secousses idéalistes des années soixante-dix – Brigades rouges, féminisme, mouvement hippie – Cristina Comencini fait la matière d’un roman remarquable par sa tessiture, grave et chantante, ample et primesautière. Remarquable aussi par son souffle, sa façon de circuler très librement de l’intime au collectif en situant la dramaturgie des deux sœurs dans la perspective d’une époque enjôleuse et désordre. […]
Pourquoi toute une génération avide d’idéal n’a-t-elle pu mener à bien tous ses rêves exaltés ? Pourquoi la petite sœur qui jouait dans le bosquet de bambous n’a-t-elle pu mener à bien son irrépressible désir de liberté ?
Aux questions que Maria se pose Cristina Comencini répond tendrement. En rappelant que le réel est la mesure du rêve et le temps, si vaste et si changeant, celui de la vie.