Télérama, 31 mai 1995, par Valérie Marin La Meslée

Tout semblait en ordre dans la vie de Guido Forte, patron, grand bourgeois… Et voilà que Federica, sa plus jeune fille, s’enferme dans un mutisme qu’elle est la première à ne pas s’expliquer. Elle a perdu l’usage de la parole depuis que Marco a disparu de sa vie. Comment s’est achevée leur histoire ? Impossible de se souvenir : à ce « blanc » correspondent les « pages arrachées » à son journal… La « maladie » de Federica va servir de révélateur à toute la famille, dont l’histoire s’avère lourde de silences accumulés. Faute de paroles, leur communication passe par lettres, extraits de journal, monologues intérieurs… Autour de cette inquiétante relation père-fille s’affrontent admirablement la pensée et le cœur, la norme et la marge. Cristina Comencini, fille du metteur en scène et cinéaste elle-même, manie d’une plume élégante et sobre l’art de changer de point de vue. S’il doit beaucoup à l’image, son premier roman possède bien des qualités propres à la littérature.