Philosophie magazine, décembre 2011, par M. Dau
Habiter le monde
Pour Benoît Goetz, il n’y a pas une maison mais toujours des maisons. « Ce n’est qu’en l’habitant que l’on fait vraiment de la maison une maison », notait déjà Heidegger ; il y a donc autant de maisons qu’il y a d’arts d’habiter l’espace. Par ce geste qui consiste à travailler le concept en dépliant les singularités paradoxales qu’il abrite, Benoît Goetz fait vaciller les murs, les parois des maisons et les institue « espaces poreux », « passages » tracés par la pensée, les gestes, les rythmes de la vie des hommes – la chorégraphie des corps et des âmes. Conscient, avec Martin Buber, que le problème de l’homme est la difficulté des corps et des pensées à habiter le monde, Benoît Goetz traverse en nomade le désert de Levinas, où l’homme ne fait jamais que passer, les maisons de verre de Walter Benjamin, les « Folies » architecturales de Derrida. Il visite leurs « maisons philosophiques » comme on réinvente un « usage du monde ».