Bulletin d’informations architecturales, février 1987, par Jean-Claude Garcias

Sur le versant iconoclaste, minoritaire on s’en doute, signalons le pamphlet de Marc Perelman. L’auteur s’intéresse depuis une décennie à la vision corbuséenne du corps, pour en dénoncer l’hygiénisme plat et « les relents fascisants ». Il a donc remanié quelques articles anciens, et les a encadrés de textes plus théoriques ou plus méchants. Méchants pour Le Corbusier qui n’en a cure, mais surtout cruelle pour les architectes néo-corbuséens, les universitaires et les critiques. À ce jeu de massacre, nul n’est épargné. On sympathise bien sûr avec cette démystification de quelques « concepts » du maître : celui de la hiérarchie et de l’« ordre fatal », dans lequel Perelman voit très justement un délire de l’organisation, ou celui de l’impossible réconciliation avec la nature, ce « naturalisme machinisé ». On regrette pourtant que ce démontage d’une œuvre-système ait si souvent recours à un système analogue, celui du discours « philosophique » : citations péremptoires, appel aux autorités intellectuelles, silence relatif sur le lieu social d’où on parle. Cela dit le travail de Perelman peut être lu à petites doses comme antidote à l’indigestion corbuséenne qui nous guette. Bibliographie détaillée qui en fait un outil irremplaçable.