Études, par Thierry Paquot

Le Quattrocento et l’art moderne étant les deux « sujets » du célèbre historien d’art G.C. Argan (1909-1992), il n’est guère surprenant que ses critiques abordent l’espace pictural du premier, tout comme l’espace bâti du second, tant ces deux moments manifestent des ruptures avec leur époque. La Renaissance italienne, en instituant la perspective comme mode de représentation, affirme l’entrée de l’art et des artistes dans l’Histoire, et trouve un écho dans le Bauhaus ou l’architecture d’un Le Corbusier qui, eux aussi, se donnent pour tâche de construire le cadre « habité » de l’histoire contemporaine. On le devine, G. C. Argan passe allègrement d’un siècle à l’autre en cherchant à comprendre les relations complexes qu’un art entretient avec son époque, ses progrès techniques, ses conceptions du monde, ses engagements idéologiques ou politiques. Sans vraiment sombrer dans un matérialisme marxisant – pour qui l’art n’est que « le reflet » d’une société –, l’auteur interroge l’esthétique en l’articulant avec l’éthique et « l’air du temps ». Le lecteur trouvera dans ses articles – dont la rédaction couvre les années cinquante et soixante – de très intéressantes mises au point sur la prétention « rationnelle » des modernes, sur les oppositions qui les divisaient (lire, en particulier, les textes sur Le Corbusier et Wright) ; elles offrent une lecture dégagée des stéréotypes intellectuels français de ces années-là et, du coup, nous apparaissent particulièrement ouvertes.