La Voix du Luxembourg, 12 mars 2008, par Sophie Guinard

C’est un petit essai mêlant art et littérature que nous propose John Maxwell Coetzee, prix Nobel de littérature 2003. Son sujet est le suivant : comment des Européens du XIXe siècle, imprégnés de repères géographiques et de codes esthétiques classiques, ont‑ils perçu, et surtout restitué, dans la peinture et la poésie, le paysage d’Afrique du Sud ? Et, par conséquent, comment doit‑on le regarder et le lire ? L’auteur présente les standards du pittoresque et du sublime et analyse la manière dont ils ont été adaptés au paysage sud-­africain, notamment grâce à des extraits de poèmes de Thomas Pringle et de notes du naturaliste William Burchell. Il en résulte une réflexion très pointue sur l’interdépendance entre colonisation et art et sur la capacité de l’artiste à porter un regard dépourvu de préjugé sur une nature étrangère. Avec cette conclusion : la difficulté d’appréhender artistiquement le paysage sud‑africain tient à l’incertitude de ses racines : sont‑elles africaines ou européennes ?