Libération, 30 décembre 2009, par Olivier Wieviorka
Si les guerres opposant Israël à ses voisins dominent depuis plus de quatre décennies l’actualité, elles ne doivent pas occulter les relations tendues qui opposèrent, dès le premier XXe siècle, Juifs et Arabes, la Seconde Guerre mondiale jouant un rôle essentiel. Deux historiens allemands rappellent cette évidence. La victoire de Hitler fut saluée par une large partie des élites et des populations, bien que la politique d’émigration un temps lancée par le IIIe Reich vers la Palestine ait jeté un froid. Le conflit déclenché contre la Grande-Bretagne suivi de l’invasion de l’Union soviétique rattrapa ce faux pas, en renforçant l’alliance objective qui pouvait unir l’Allemagne et une partie du monde arabe. L’Allemagne expédia armes et experts, soutenant certains mouvements nationalistes, telle la révolte ourdie en Irak par Rachid Ali 1941. Les premiers succès de la Wehrmacht au Moyen-Orient furent salués avec joie, l’avancée des troupes en Egypte déclenchant une vague brutale et meurtrière d’antisémitisme.
Pour sa part, le Grand Mufti de Jérusalem ne dissimula jamais l’intérêt qu’il portait à la politique raciale du Führer, rencontrant à de multiples reprises Adolf Eichmann et dépêchant des délégués visiter le camp de Sachsenhausen. Assis sur une documentation de première main, ce livre apprend beaucoup sur l’histoire de la région, en offrant la profondeur de champ nécessaire pour en percevoir la complexité des enjeux.