Le Figaro magazine, 23 février 2008, par Anthony Palou
Excellente idée que la réédition de ce petit essai du grand critique Jean‑Pierre Richard sur Louis-Ferdinand Céline. On les compte par brouettées les études sur l’auteur du Voyage au bout de la nuit, mais s’il devait n’en rester qu’une, peut-être serait‑ce celle‑là, cette Nausée de Céline, qui tient en moins de 100 pages. Le corps, « sac à larves », voilà le sujet de cette nausée. C’est le médecin Céline qui ausculte. L’homme, « ce n’est rien après tout que de la pourriture en suspens ». Sur ce principe de base, l’écrivain raffiné a bâti une œuvre où la molle, la poisseuse, la déliquescente condition humaine est réduite à sa plus simple expression, celle d’une charogne baudelairienne. Les asticots rôdent. On l’aura compris : la nausée célinienne n’est pas sartrienne. Profitez de l’essai de Jean-Pierre Richard pour lire la réédition du fameux « Cahier de l’Herne » Céline (éditions de l’Herne), épuisé depuis trente‑cinq ans.