Le Nouvel Observateur, 17 janvier 2008, par Didier Jacob
Le Céline de Richard
C’est l’un des livres les plus époustouflants jamais écrits sur l’auteur du Voyage au bout de la nuit. Jean‑Pierre Richard, le maître-critique que l’on sait, avait publié en 1980, sous couverture violette et chez Fata Morgana, une courte étude intitulée Nausée de Céline. Aujourd’hui rééditée en collection de poche, elle n’a rien perdu de son extraordinaire brio. En moins de 100 pages, Richard analyse les grandes catégories de l’imaginaire célinien, depuis la nausée, le débraillé, le poisseux, qui trouvent à s’incarner dans la représentation du peuple et de la condition humaine, si proche de l’état invertébré. Car l’homme, pour Céline, est un « sac à larves », « papillon pendant la jeunesse et asticot pour en finir ». Pas très ragoûtant, mais avec Richard, c’est au moins servi avec le champagne.