Page des libraires, janvier 2002, par Nicolas Vives, Librairie Ombres blanches (Toulouse)

Célébration de la poésie : le titre est ironique car c’est justement contre l’idolâtrie qu’il faut se battre pour sauvegarder la poésie. L’amour que la poésie contemporaine se porte à elle-même tue le poème. Il faut donc comprendre que Meschonnic ne fera pas ici l’éloge de la poésie ; sa démarche en sera d’autant plus salvatrice. Le poème souffre d’être le « veau d’or » de la poésie, mais aussi de la philosophie. Les théories du langage et « l’heideggerianisme » diffus de la fin du siècle menacent, en s’appropriant la poésie, d’étouffer le poème dans la langue et le signe. Or le poème ne doit pas être porteur de sens, il doit être du sens. Le poème est une activité de la langue, pas son produit. La critique de la poésie contemporaine formulée ici par Meschonnic est une réflexion constructive qui aboutit à « un manifeste pour le parti du poème  », considéré comme une forme de vie dans l’art et la société.