Art absolument, printemps 2005, par Soko Phay-Vakalis
Ouvrir couvrir
L’ouvrage collectif est né à l’initiative de l’artiste Jessica Vaturi qui a participé notamment à la manifestation « Nuit Blanche » 2003 avec ses installations « Dislocations urbaines ». À partir des planches anatomiques de la Renaissance, celles d’André Vésale, et de l’imagerie médicale contemporaine, son travail questionne les modalités et influences de ces images à résonance magnétique (radiographie, scanographie, endoscopie) qui modifient considérablement notre perception du corps ouvert, fermé, in vivo. « Peindre sur/sous toile, la traverser, ou se tatouer, se percer, se vêtir d’explosif : d’où vient la fascination violente d’ouvrir, de s’ouvrir, de voir s’écouler l’ouvert ? » À partir de cette interrogation, elle invite des intellectuels à partager leurs réflexions au regard de leurs propres travaux. Tel est le pari de ce livre. Pari tenu à travers la diversité des approches et la confrontation des pratiques artistiques et des pensées philosophiques et historiques. Qu’il soit ouvert, couvert, nu ou vêtu le corps met en jeu les notions de séparation, de retrait, d’isolement, soulignant l’indispensable démarcation des morts et des vivants. La problématique « ouvrir/couvrir » interroge ainsi les enjeux du voir (« chercher du visible là où il devrait y avoir de l’invisible », écrit Benny Levy) et révèle le lien indissociable où se nouent désir, mort et mémoire.