Art press, 1er janvier 2005, par Thierry Davila
À l’origine de cet ouvrage collectif il y a la demande d’une artiste, Jessica Vaturi, qui s’est adressée à sept auteurs (critiques, philosophes, historiens, écrivains) pour travailler sur la question du recouvrement et de l’ouverture. Recouvrement du corps, ouverture de son intériorité, de ses viscères, recouvrement du temps et de la mémoire, ouverture du regard et de l’histoire : nombre de pistes s’ouvrent aux intervenants qui suivent des chemins fort divers, qui circulent dans des textes et des représentations multiples. Un cahier d’images présente le travail de Vaturi qui prend justement pour thématique le corps et sa cartographie. Il est restitué dans la longue durée de l’histoire par Raphaël Cuir, tandis que Paul Ardenne en propose une contextualisation exclusivement contemporaine.
Dans la plupart des textes, le titre de la publication fonctionne comme un véritable sésame qui permet l’exploration de thématiques et de formes fort différentes Françoise Frontisi-Ducroux élabore un parcours historique à travers les manteaux et les voiles à partir de statues de femmes créées à Cyrène (Santorin) en 630 avant notre ère. Jacinto Lageira analyse le corps recompose et détruit, projeté et représenté chez de Rooning, Francis Bacon et les actionnistes viennois. Un essai posthume de Benny Lévy interroge la question du voir dans la tradition juive. Reste deux textes à lire de toute urgence : celui, magnifique, d’Alain Fleischer consacré à une image vue au musée juif de Sydney, ample méditation sur la mémoire et la mort qui prend pour point de départ le souvenir à la fois précis et estompé de cette photo, et celui, non moins somptueux, de Georges Didi-Huberman consacré au tallith, le châle de prière dans la tradition juive, et à l’azur. Ici, ouvrir et couvrir devient une épreuve écrite.