Ouest France (édition d’Angers), 26 mars 2009

Dans son deuxième roman, l’Angevine Sarah Streliski tente de dénouer les fils d’une histoire familiale secrète.

Comment vous est venue l’envie d’écrire ?

Ça m’a pris un jour, à Marseille, où j’enseignais, après avoir obtenu mon Capes. L’enseignement n’était pas une vocation : nommée à Paris, j’ai rapidement démissionné. Écrire, c’était devenu une urgence, j’avais peur de perdre quelque chose qui me venait. Depuis 2000, je suis la secrétaire particulière de Claude Lanzmann, à mi-temps. Je passe le reste du temps à écrire.

Votre deuxième roman est-il autobiographique ?

Il y a effectivement eu un accident de voiture dans la famille, j’ai été éjectée quand j’étais bébé, et je suis partie de cette scène primitive pour tracer une généalogie. J’ai inventé l’histoire qu’aurait pu me raconter mon grand-père en incluant des conflits relatifs aux adultères, aux non-dits. Il n’y a rien eu de tragique dans ma famille. En revanche, il y a un peu de moi dans tous les personnages.

L’esprit de Shakespeare souffle sur votre roman. Pourquoi ?

Pendant que j’écrivais Accident, j’ai lu tout Shakespeare. Hamlet portait le tragique de l’accident. J’ai fait se correspondre ces deux temps de l’écriture et de la lecture. Shakespeare, je m’en suis « servi »… Comme je me suis servi du personnage principal, traducteur, pour parler de transmission, de tradition.

Comment avez-vous construit votre roman ?

Tout n’était pas planifié dans mon esprit. Ça s’est tissé au fur et à mesure. J’avais en tête cette idée de l’accident, le noyau actif de ma vie, avec ces deux questions : d’où ça vient, d’où je viens ?