Art absolument, mai 2009, par Tom Laurent
Cette réédition revue et augmentée donne la parole à Youssef Ishaghpour, universitaire d’origine iranienne vivant à Paris, connu notamment pour ses écrits sur le cinéma. Il s’attache dans cet essai à révéler la spécificité des miniatures persanes, dont la grandeur égale celle des chefs d’œuvre de la peinture classique occidentale et asiatique tout en s’en différenciant radicalement. Car si le principe d’accession au monde spirituel à partir de celui des phénomènes apparaît comme une donnée de ces trois cultures, c’est, pour l’auteur, par le biais exclusif de la couleur pure qu’il est activé dans la culture persane. Ce miroir reflète un réel « dépouillé de ses scories », où ne subsiste que l’essentiel – un jardin de splendeurs aux mille nuances – porteur d’un ailleurs à la fois familier et inaccessible. La thèse de Youssef Ishaghpour s’appuie sur la plupart des travaux érudits consacrés à cette belle page de l’histoire de l’art, tout en s’écartant de la doxa qui tente d’en expliquer l’intérêt par leur sujet. Les relations entre textes et images sont aussi analysées et rendent la part belle à la miniature, qui jouit d’un statut autonome. Le recadrage effectué propose en effet de considérer l’art de l’enluminure comme un objet à part, son âge d’or s’étendant de la fin du XIVe siècle au milieu du XVIe siècle. L’énoncé précis de règles qui régissent cet art contribue à la magie visuelle qui fait que « le spectat