Le Monde, 5 décembre 2008, par Nicolas Offenstadt
Modernité de François d’Assise
[…] « l’économie franciscaine » : le lien entre la pauvreté et la circulation des richesses. Tout le propos du livre très profond de Giacomo Todeschini […] est de montrer comment, à partir des réflexions sur la pauvreté, la pensée franciscaine a contribué à façonner le langage et les pratiques économiques de l’époque, en particulier à propos du marché. Du théologien languedocien Pierre de Jean Olivi, au XIIIe siècle, à Bernardin de Sienne, au XVe, les adeptes de la pauvreté volontaire ont élaboré une éthique économique qui légitime le rôle des marchands dans la cité comme experts de l’échange et de la mesure des valeurs, et fait de la juste circulation des richesses, contre ceux qui voudraient les accumuler, une vertu chrétienne et civique.
En conclusion, Todeschini souligne que les positions économiques des Réformés, qui ont suscité la fameuse thèse de Max Weber reliant certains aspects du protestantisme avec le développement du capitalisme moderne, s’ancraient largement dans la tradition chrétienne médiévale. Une démonstration brillante.