Le Figaro, 22 octobre 1989, par Olivier Rolin
Ce qui fait la tension paradoxale de ce livre, comme de tous ceux qui savent parler sans emphase ni prosélytisme des espoirs des hommes, c’est de tenir leur confuse épopée sous un regard tout à la fois de ferveur et de scepticisme. La Cité du Soleil, la République des six fleuves d’azur n’existera jamais, son idéale architecture est sans cesse ruinée, non seulement par l’effort de ses ennemis, mais par les tentatives de ceux qui prétendent l’édifier. Pourtant, cette quête sans cesse recommencée est le travail même de la liberté et de l’intelligence des pauvres. Et il serait faux de croire que rien, absolument, ne s’engendre dans ce labeur de Sisyphe : car c’est une histoire qui naît, une vision, une intelligence du monde qu’autrement on se contenterait de subir.