La Croix, 23 mars 1991, par Michel Crépu
Tout le génie d’Anna Maria Ortese, dont la vie – la préface belle de Simeone nous l’apprend – ne fut pas des plus roses, ni rouges, est de parvenir encore à saisir ce grain léger qui passe à travers les misères les plus profondes. Témoin la nouvelle qui ouvre le volume. Un couple assiste au départ d’un ami : on repense à ce qu’on a vécu devant des pièces déjà abandonnées, la mémoire blesse et elle emporte avec elle les fruits de sa blessure. Ce sont ces fruits qu’Anna Maria Ortese offre à notre gourmandise de lecteur : ils sont beaux.