Le Monde, 14 décembre 1990, par Patrick Kéchichian
Au contraire du sillon que l’homme inscrit dans la terre, la frontière est une ligne abstraite, tracée à sa surface. Ligne qui sépare, protège ou fait violence, qui dessine les sinuosités de l’Histoire, les aléas de la puissance ou de la gloire. Ligne aussi qui passe et, là, s’inscrit, dans la conscience et le cœur des individus. Au-delà de références précises à l’Histoire sur lesquelles il s’appuie, le roman de Vegliani exprime toute la violence et l’ambiguïté de cette seconde inscription.
[…] Le très beau et grave roman de Vegliani est plus qu’une simple démonstration. Récit limpide, rigoureusement maîtrisé et conduit, il mène insensiblement le lecteur jusqu’à l’extrémité d’une interrogation sur la nature et le sens de cette « frontière » qui déchire l’homme qu’aveuglément elle traverse. Un mot dont il faut rester économe s’impose ici : révélation.