Tatouvu, 15 septembre-15 novembre 2006, par Manuel Piolat-Soleymat
« Ses yeux mélancoliques suivaient le profil lointain de la côte, adoucie par les lumières bleues et rosées, avec de petites maisons disposées çà et là par amoncellements, comme des troupeaux, autour de leur clocher ; sur le miroir des criques. Ce n’était plus qu’un homme fatigué, le visage profondément ridé, la bouche amère et entrouverte, comme s’il peinait pour respirer » L’écriture de Giani Stuparich (1891‑1961) est pleine, juste, élégante sans être recherchée. Elle passe et repasse, comme les vagues d’une mer tranquille, par les événements et les observations d’un séjour estival sur une lie de l’Adriatique. Un séjour tel un retour aux origines pour un père qui se sait au bord du précipice. Accompagné de son fils, il laisse s’égrener les heures et les jours sans évoquer une seule fois la perspective de sa fin ou la réalité du mal qui l’étrangle. Comme si cette escapade n’avait pour dessein que de goûter une dernière fois à la sérénité aveugle des rivages de sa jeunesse.