CCP, mars 2013, par Sébastien Hoët
Comme il est connu, Lutz Bassmann est un hétéronyme (comme dirait Pessoa) d’Antoine Volodine qui, depuis au moins Des anges mineurs, publié en 1999, nous propose des livres étranges, étrangement beaux, constitués de « narrats » – fragments de fiction qui, combinés, laissent entrevoir un monde cohérent même si aperçu par bribes. Nous retrouvons ici ce monde ruineux où les « Untermensch » rampent parmi les débris des villes incendiées, croulant dans la poussière et la poisse d’un âge post-apocalyptique où des puissants vivent encore, torturant les pauvres, où le capitalisme ne veut pas mourir, où l’on vit « en dessous de l’ennemi » (p. 69). Dans ce monde de l’outre-fin, la magie existe, et Djennifer Goranitzé invoque l’esprit de son mari, Nathan Golshem, enterré dans une décharge, ce mari revient vers elle, avec lequel elle devise amoureusement et partage les souvenirs.