Technikart, décembre 2011, par Étienne Ducroc
Highway to hell
Et si les écrivains français devenaient les maîtres du roman post-apocalyptique ? Balayé par la pluie et le vent, Danse avec Nathan Golshem – le dernier livre de Lutz Bassmann – reprend tous les codes du genre avec une noirceur étouffante. Dans un futur proche, les hommes ont été chassés par… d’autres hommes. Cet auteur au nom bizarre – derrière lequel se cache Antoine Volodine – n’écrit rien d’autre que le capitalisme sauvage : des rapaces rôdent, les anarchistes opèrent depuis des souterrains crasseux et la langue est le dernier Graal. « Fiction », nous informe la couverture. Tout de suite, on respire un peu, quoique les images reviennent ; la violence, la saleté, le froid, et cette femme qui danse, inlassablement, sur la tombe de son mari comme pour le réveiller.
Bassmann-Volodine signe ainsi une fable cauchemardesque, à la fois politique et onirique, où l’humanité, mitraillettes et courage à la main, meurt en perdant son langage. Si la force d’évocation rappelle parfois la Route empruntée par Cormac McCarthy en 2008, le chemin tracé ici par cet auteur qui n’existe pas sera de ceux à suivre en 2012.