Le Journal du dimanche, 10 juin 2001, par Christian Sauvage
Noirs et bien teigneux
P’tit coup d’blues ? Envie de vacances ? Plus rien à lire ? Offrez-vous donc quelques lignes d’un bon polar ; le remède est radical. À côté de la grosse cavalerie (Grisham, P.D. James, Connelly, Comwell et autres Higgins Clark), quelques petits livres musclés, noueux comme un coup de trique, teigneux aussi, bien teigneux. Deux Noires et un jaune.
Traiter Didier Daeninckx de « jaune » n’est pas à recommander. Avec son air de mousquetaire anar, il en a déquillé pour moins que ça. Non, Daeninckx, qui pratique d’habitude un polar engagé comme d’autres font de la chanson du même nom, publie chaque année des petits livres, de grosses nouvelles, chez Verdier, éditeur de qualité, sous des couvertures bouton-d’or. Jaunes, quoi. Après – pour ne citer que les derniers – Cannibale (1998), superbe évocation de la venue (contrainte et forcée) de Kanaks à l’exposition coloniale à Paris en 1931, La Repentie (1999) et Le Dernier Guérillero (2000), souvenirs de la queue de la comète gauchiste, du temps où Lionel s’appelait « Michel », voici La Mort en dédicace. Deux nouvelles ici, dont la dernière, qui donne le titre au recueil, vous coupera le souffle au final. S’il s’agit encore d’une dérive gauchiste, la première nouvelle, elle, prend des allures de « Fantasia chez les Breizh Atao », ces quelques Bretons qui par amour de la Bretagne ont accueilli avec trop d’égards l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. En 56 pages, Daeninckx vous ficelle une véritable histoire policière (sans flics mais avec douaniers). De la belle ouvrage.