Le Journal du dimanche, 7 novembre 1999, par Christian Sauvage

Une bonne info vaut mieux qu’un long commentaire. Ce qui est vrai pour le journalisme l’est tout autant pour la littérature : une nouvelle en dit souvent plus long qu’un long roman. Didier Daeninckx le prouve avec La Repentie, qui, bien que relevant de la littérature, n’est pas étrangère à notre métier. Dans les deux cas, c’est de « nouvelle » qu’il s’agit.

Brigitte Sélian devient Isabelle Lamier. Changement d’identité, changement de vie. Même destin. Brigitte a appartenu à une organisation qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Action directe. Elle quitte Fleury-Mérogis. « Une donneuse » disent les flics qui la relâchent, la surveillent et la menacent. Isabelle se perd quelque part du côté de Saint-Nazaire. Elle va y trouver Stellio, pêcheur d’épaves. Deux êtres brisés, cela peut-il faire une nouvelle vie ?

L’écriture de Daeninckx a l’efficacité du polar qu’il connaît bien, mais la musique, plus lente, plus grave, qui rythme cette nouvelle, l’entraîne vers un autre monde, tragique en même temps qu’ordinaire. Sans effets, Daeninckx se fait classique ; c’est beau et simple. Et ce petit livre nous ouvre à un univers inconnu, même et surtout s’il a été souvent abordé dans les journaux. On peut se perdre un temps dans le terrorisme et demeurer un être humain. Merci de la leçon qui ne se pare d’aucune morale.