Le Soir, 19 mai 2001, par Pascale Haubruge

Didier Daeninckx, le traque-mémoire

Didier Daeninckx est de ceux qui n’hésitent pas à voir le mal à leur porte. Plutôt que de planter bien loin ses intrigues avec morts, il se plaît à les situer dans son pays, la France. Il en va ainsi des deux nouvelles de sa plume qui viennent de paraître en un recueil.

La Complainte oubliée, la première, se passe en Bretagne. Un amoureux blessé y marche sur les traces de sa compagne décédée. Il erre sur les plages, mais aussi dans les tavernes. Dans l’une d’elles, un soir, il entend un vieil homme ivre chanter. Le lendemain, l’homme est retrouvé mort. Et si des indices expliquant la mort du vieux se trouvaient dans la rengaine ancestrale qu’il a chantée ? Le triste touriste enquête. Il se retrouve vite pris au piège de ses curiosités. Le lecteur le cueille au bout de l’impasse dans laquelle il s’est fourré… Parviendra-t-il à se tirer des griffes des ceux dont il a percé les sales secrets ?

Le narrateur de La Mort en dédicace, la deuxième nouvelle, n’est guère mieux loti. Échappé de prison, il cherche à remonter jusqu’à celle, si belle, à qui était dédicacé ce fameux livre qui… C’est pour le moins alambiqué, mais Daeninckx s’arrange pour qu’on suive tout de même le fil de son récit. Écrites avec humour, les deux nouvelles ont de quoi nourrir les habitués de l’auteur. Il y traque comme de coutume, au fil de suspenses noirs, les mémoires politique et sociale françaises.