Politis, mai 2000, par Corinne Denailles

Dans un style classique, sans effet ostentatoire ni fioriture, mais tendu par une force de conviction inébranlable qui creuse le même sillon, Daeninckx reprend à son compte la formule de Gabriel Celaya, « la poésie est une arme chargée de futur », pour raconter les histoires simples et attachantes, souvent tragiques, de héros ignorés. Victimes de guerre, la Grande ou la dernière, l’Espagne ou le Front populaire, ouvrier victime des machines, trace d’un bagnard retrouvé par hasard au dos d’une carte postale, hommages aux hommes morts pour une cause, malade abandonné à sa solitude. Il y est question d’incompréhension, mais aussi de générosité et de fraternité. Entre réel et fiction, les courts récits de ces vies minuscules, arrachées au silence et à l’oubli, affirment le pouvoir politique de la littérature et instaurent l’indignation et le devoir de mémoire comme un engagement personnel nécessaire.