Madame Figaro>, 23 février 2008, par Alexandre Fillon

Romancière et essayiste dont on a aimé La Demande ou Un été de glycine, superbe évocation de Faulkner et de son monde, Michèle Desbordes s’est éteinte en janvier 2006 dans sa maison du bord de Loire. Son dernier livre, le posthume Les Petites Terres, vient aujourd’hui tisser ensemble bribes, fragments et parcelles pour un ultime rendez‑vous avec elle. Dès l’entame, on retrouve la langue incroyablement musicale et souple de l’auteur du Commandement. Dans ce récit commencé à l’aube, au lit tandis que le jour se lève, celle‑ci évoque un oiseau presque immobile dans le bas du ciel, les images du plus beau film de Jim Jarmusch, un homme aimé sur le point de mourir. De vingt-cinq ans son aîné, l’homme en question est un écrivain, découvert par Raymond Guérin et célébré pour sa manière de rendre la « politesse du désespoir », que la maladie achève de terrasser. Pour tenir, il faut se souvenir des jours plus heureux et lumineux, entre Paris et Andrésy, de ces vacances en Italie où tous deux lisaient l’exemplaire à la couverture jaune d’Au‑dessous du volcan, l’histoire tragique du Consul et d’Yvonne. Composées au fil de la plume, d’un seul tenant, Les Petites Terres sont un douloureux et déchirant chant d’amour.