Notes bibliographiques, mars 2014, par L. K. et C. B.-I.
En 1960, Yannis. jeune Grec de famille athénienne aisée, étudie le droit à Paris et rencontre celle qui deviendra sa femme. Il revient au pays pour effectuer à contrecœur son service militaire et, en 1966, postule sans enthousiasme au Conseil d’État grec. Rentré en France après la prise de pouvoir des colonels, il regarde d’un œil critique les événements de Mai 68. Il se décide enfin à rallier Athènes où, avocat-stagiaire peu zélé, il assiste à l’effondrement de la dictature et trouve enfin sa voie dans l’écriture, que vient couronner une étude sur le théâtre d’ombres.
Dans Le Dicôlon (N.B. avril 2011), Yannis Kiourtsakis explorait ses relations fusionnelles avec son frère suicidé. Ce livre prolonge son autobiographie et retrace l’évolution d’une pensée foisonnante. Aiguillonné par sa double appartenance, toujours en exil entre deux pays et décalé par rapport à son temps, l’auteur décrit longuement dans une langue très classique les hésitations d’un parcours stérilisé par un profond mal-être. Le déracinement s’exprime aussi à travers le conflit, pour lui inconciliable, entre tradition populaire et modernité qu’il exècre. Il faut suivre les flots et remous de cette introspection de qualité, et tenter de ne point se laisser submerger…