La Croix, 27 août 2014, par Antoine Peillon
Pierre Bergounioux, enfant de Corrèze, éclaireur de toutes les enfances
Pierre Bergounioux est né en mai 1949 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze). Il est écrivain, sculpteur et professeur de lettres. Il a écrit quelque quatre-vingts livres, pour la plupart publiés chez Gallimard, Verdier et Fata Morgana.
Son œuvre, très autobiographique, est inspirée par Michelet et par Faulkner. Son écriture est en consonance avec celles de Claude Simon (1913-2005, prix Nobel de littérature en 1985) et de Pierre Michon (né en mars 1945, dans la Creuse, publié aussi chez Verdier, principalement).
Pierre Bergounioux a été plusieurs fois primé : prix Alain Fournier, en 1986 ; prix France Culture, en 1995 ; grand prix de littérature de la Société des gens de lettres (SGDL) et prix Virgile, en 2002 ; prix Roger Caillois, en 2009. Le milieu littéraire bruisse, cette année, de la possibilité d’un prix Nobel de littérature, prochainement.
Ancien élève de l’École normale supérieure (ENS), agrégé de lettres modernes, l’écrivain Pierre Bergounioux est aussi critique littéraire, enseignant (à l’École nationale des beaux-arts, depuis 2007), militant de gauche, pécheur de truites sur le plateau des Millevaches, naturaliste chevronné (géologie, faune sauvage…).
Dans un style poétique ciselé, précis et subtil comme celui de Descartes, ses livres sondent en profondeur la question – douloureuse – des origines provinciales et du déracinement. Son œuvre travaille à réparer sans cesse la déchirure vécue, en fin d’adolescence, entre l’enfance à Brive-la-Gaillarde et les engagements de l’adulte dans le vaste monde contemporain rencontré à Paris, à l’âge de 20 ans.
Professeur passionné et républicain convaincu, Pierre Bergounioux a partagé ses réflexions sur l’école dans un livre d’entretiens paru en 2006, École : mission accomplie (éditions Les Prairies ordinaires), où il prend acte, cruellement, de l’échec du collège unique: « La seule façon de ne pas faire violence aux enfants serait de les juger par rapport à eux-mêmes, d’évaluer la distance qu’ils ont parcourue entre l’état où nous les avons trouvés au sortir de l’univers familial et celui auquel ils se sont élevés sous l’effet de notre enseignement. Mais cela reviendrait à reconnaître publiquement l’injustice de notre société, à en tirer les conséquences, qui sont révolutionnaires, rien de moins, et jamais nous n’avons été aussi loin de le faire. »
L’écrivain, s’il peut douter aujourd’hui de la révolution, est toujours un jeune homme révolté.