Le Monde des livres, 20 août 2015, par Fabio Gambaro

À la vie, à la mort

Antonio et Rosa : un vieux clochard et une merveilleuse jeune fille. De leur imprévisible rencontre naît un amour étrange et absolu qui transforme radicalement leurs existences. Sauf que le miracle de la passion laisse peu à peu la place aux doutes, aux fuites et aux refus d’où surgit la tragédie. Rien pourtant ne pourra couper le lien indissoluble entre ces deux êtres dont les rôles sont destinés à s’inverser. Dans Fable d’amour, Antonio Moresco – auteur du remarqué La Petite Lumière (Verdier, 2014) – suit les rebondissements et les soubresauts de cette relation mystérieuse. Comme un conteur qui n’explique pas, il laisse parler les faits, entraînant le lecteur dans un univers où l’impossible devient soudain accessible. Il mélange vie et mort, réel et merveilleux, cruauté et douceur, sans mièvrerie. À tel point que, un peu comme dans une fable, l’amour triomphe de la mort. Un style très personnel, un réalisme très cru qui n’enlève rien à la grâce des rêves, une vision sans concession du mystère de l’amour.