Libération, 30 janvier 2016, par Virginie Bloch-Lainé
Le docteur Lorca a commencé ses études à Bordeaux avant Mai 68, et il exerce la médecine générale alors que la loi Veil vient d’être adoptée. L’appliquer n’est pas encore entré dans les mœurs. Il est possible et facile de se défiler, aussi en cas de besoin faut-li trouver la perle rare : un médecin aux idées larges. C’est une des charges qui revient à Lorca. Il fait le grand écart entre l’hôpital de Bordeaux où il est interne, et les hameaux des environs où il remplace un médecin agonisant. Dans ces villages, on a beau être en 1975, la guérisseuse et ses « rites charlatanesques » sont les concurrents directs et triomphants du docteur. Le quatrième roman du médecin bordelais François Garcia est un document sur le mandarinat et sur un monde rural fossilisé. L’écrivain rend bien compte du caractère tragicomique des aventures dont Lorca est victime dans son cabinet, ou dans le lit où l’entraîne une ancienne amie. Le « concours de patinage artistique » qu’elle lui inflige vaut le détour.