Le Figaro Histoire, juin 2016, par Jean-Louis Voisin
Le titre est superbe. L’essai aussi : d’une plume élégante et précise, l’auteur efface ce qui l’a précédé en un domaine où la répétition l’a emporté sur la réflexion. Sa thèse ? Marc Aurèle, qui ne s’est jamais présenté comme un philosophe, n’en est pas un, même si la philosophia lui était familière. En faire un philosophe stoïcien dans la lignée de Sénèque et d’Epictète est un anachronisme. Comme l’est aussi le désir de voir son gouvernement caractérisé par « le respect de la personne humaine ». Mais ses écrits, dira-t-on ? Un témoignage exceptionnel d’une pratique courante dans l’Antiquité. Elle consistait à s’adresser à soi-même (ou à des amis) des « discours issus de la philosophia » dans le but de se débarrasser d’un affect (pathos) dégradant (tels la peur, la colère, le désespoir, le désir incontrôlable) de façon à se maintenir sur la route de la vertu. Cela dans une perspective toute romaine, commune à l’aristocratie impériale. Autrement dit, essayer d’être un homme exemplaire pour sa culture, dans son comportement avec les siens, dans la tenue de son rang, devant la mort et dans les relations avec les dieux. Comme l’avaient été les grands ancêtres en leur temps.