La Marseillaise, 28 mai 2016, par JMDH

« Il était une fois un vieil homme qui s’était éperdument pris d’amour pour une fille merveilleuse. Ce n’était pas simplement un vieil homme, c’était aussi un clochard, un de ceux qui dorment dans la rue sur des cartons, un homme perdu, un déchet humain. »
On ne saura pas avec précision ce que fuit le narrateur, sans doute le monde urbain contemporain, son désordre, ses dissonances, sans doute aussi une lassitude, un désarroi plus intime et plus secret ? Quand s’ouvre le roman, il est déjà là, solitaire et attentif, immergé dans ce paysage. Fin observateur de ses contemporains, Antonio Moresco se saisit du pouvoir de la fable à travers une histoire d’amour qui se démarque de l’ordinaire mais comme toute histoire d’amour reste plausible. Il séduit le lecteur avec ce récit rythmé, limpide et plaisant tout en dénonçant les travers humains.
Les deux personnages affrontent leur propre destin au cœur duquel l’auteur fait briller le véritable enjeu, celui d’aimer.
Moresco capture l’attention en faisant appel à notre sensibilité enfantine. Il use de l’art poétique, plus efficace que les discours sérieux et les dénonciations politiques bien que cela en soit une. Les deux personnages principaux sont animés du désir d’échapper à tous les régimes de restriction qui étouffent l’existence et l’imaginaire, ce qui les entraîne dans un abîme de perdition. L’univers onirique se dessine en dépit de la précision. Comme les protagonistes, les lecteurs est porté par une voix créative venue des profondeurs qui libère une énergie enfouie et régénère les territoires du roman d’une multitude de visions littéraires inédites. A qui parle l’écriture de Moresco ? à nos doutes. Elle rallume un élan d’amour. La limpidité incandescente de cette écriture laisse entendre une voix mi enfantine-mi adulte, prose dépouillée de tout mouvement pathétique, tragique, ou sentimental. Face au monde qui est en train de disparaître, l’amour prend le dessus.