Ouest-France, 25 août 2016, par Daniel Morvan
Emmanuel Venet, misanthrope amoureux
Le syndrome d’Asperger peut associer, à un degré aigu, humour, intelligence et misanthropie. Une maladie mentale ? Pire : une vision du monde. Emmanuel Venet, auteur d’un roman remarqué (Rien, 2013) et de récits, nous la fait partager à travers ce monologue d’un « asperger » qui rumine sur l’hypocrisie humaine pendant les funérailles de sa grand-mère.
Le héros du livre adore le Scrabble, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, jamais revue depuis le lycée. Autour de ce souvenir sentimental, il brode un rêve de bonheur beau comme le mont « enkystez » sur des cases comptant triple. L’ouvrage nous fait partager sa vision corrosive de la société, dont il ne supporte pas les contradictions.
Ce portrait de ronchon sentimental pourrait être plombant s’il n’y avait l’humour du texte et la tendresse de l’auteur, psychiatre dans le civil, pour son personnage de raisonneur naïf. Ses centres d’intérêt ne le prédisposent pas au bonheur avec Sophie Sylvestre. Le lecteur, lui, est comblé.