L’Express, 28 septembre 2016, par Delphine Peras

Rien que la vérité

Un homme démasque les impostures de l’époque. Implacable et irrésistible.

Il est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme qui le rend incapable de se « plier à l’arbitraire des conventions sociales et d’admettre le caractère foncièrement relatif de l’honnêteté ». Seule la vérité vraie trouve grâce aux yeux de ce narrateur de 45 ans au cœur pur, d’une franchise absolue, donc forcément incompris et solitaire. Les funérailles de sa grand-mère – aïeule honnie, vile, vénale, qu’une officiante de circonstance pare outrageusement de toutes les qualités – sont l’occasion pour lui d’effacer au détergent les fards de son clan. Tromperies, adultères, secrets de famille, médisances, petitesses – tout le monde en prend pour son grade. On se délecte d’un recadrage si caustique, fin, drôle. On ne résiste pas à ce procureur idéal, doté d’un QI de 150, passionné par le Scrabble et les catastrophes aériennes, champion au jeu du petit bac, imbattable pour décliner la liste de célébrités ayant « les initiales du bonheur » – d’Alphonse Allais à Zinedine Zidane. Merci au psychiatre Emmanuel Venet de faire le nôtre.