Elle, 2 décembre 2016, par Avril Ventura

Une quête de vérité

Révolté, le narrateur du roman d’Emmanuel Venet l’est également, lui qui n’a de cesse de dénoncer le climat de duplicité dans lequel notre espèce « baigne depuis la nuit des temps». Les funérailles de sa grand-mère, Marguerite, en sont un exemple probant : le portrait élogieux que l’on y dresse de la défunte n’a que peu de rapport avec la réalité. L’occasion pour ce passionné de Scrabble et de catastrophes aériennes de revenir sur les nombreux petits arrangements avec la vérité qui se jouent dans la comédie humaine, et d’y opposer le gage de franchise et de probité que constitue son syndrome d’Asperger. « J’aspire à ce que mon entourage, un jour, me comprenne vraiment », conclut-il. Voilà qui pourrait résumer ces trois ouvrages, tant ceux-ci témoignent d’un manque de reconnaissance de la personne autiste pour ce qu’elle est : à la fois double et d’une absolue intégrité, accompagnée et profondément seule, puissante et apeurée – l’une de nous, en somme.