Libération, 4 mars 2017, par Frédérique Fanchette
Un silence de mort au sens strict. Un matin, le père de Fabius se réveille et perçoit d’emblée que l’absence de bruit dans la maison est inhabituelle. Il sait déjà ce qu’il va trouver dans la chambre de son fils de 17 ans : un cadavre. Il observe en lui-même le flétrissement, puis la remontée d’un certain goût de la vie. « Je n’étais plus qu’une carcasse vide à travers laquelle sifflait le vent. » Tout lui semble étouffé, lointain. Un proche téléphone : « Les gouffres entre les phrases allaient s’agrandissant. » L’auteur n’hésite pas à utiliser des métaphores qui frisent les lieux communs, de même que les corps des endeuillés sont atteints par de mêmes symptômes : des mains qui se tordent, des tremblements. Il écrit : « Plus rien ne sera comme autrefois. » Et juste après il admet qu’avant il aurait raturé une telle phrase « en en fustigeant le pathétique et l’emphase ». Adieu sans fin, délicat récit d’amour paternel, touche par sa simplicité de ton.