Le Monde des livres, 31 mars 2017, par Bertrand Leclair

Autréaux sauf

Avec une précision de miniaturiste sachant que le détail construit l’image, Patrick Autréaux retrace son long cheminement vers l’écriture puis la publication, cheminement dont le cours a été irrémédiablement changé par la longue maladie à laquelle l’auteur a consacré un triptyque. Rendant hommage à une grande figure de l’édition et de la psychanalyse, ici nommée Max et qui fut son premier lecteur avant de devenir son premier éditeur chez Gallimard, La Voix écrite s’entend dès le titre comme une voie du salut, mais un salut qui s’adresse à tous. Au milieu du gué, un rêve procure à l’ancien médecin urgentiste qu’est l’auteur la sensation d’atteindre enfin son but d’écrivain : « Je me dis : j’y suis. / Et cette brusque pensée : je dois retourner dans les combles et aider les autres à sortir. » Avec gravité et sans fausse pudeur, Autréaux dit son besoin de reconnaissance autant qu’il partage les écueils et la joie d’une quête aveugle, où la soif de vérité se confond avec la littérature. Il ne prétend pas tant définir cette dernière qu’approcher ce qu’elle peut, et le degré d’exigence où mène la confrontation avec la mort : quelle écriture y résiste ? Une magnifique double page, en fin de volume, élève d’ailleurs une stèle muette à quelque deux cents œuvres qui tiennent jusque dans cette confrontation.