Le Monde des livres, 14 avril 2017, par Nicolas Weill
Cœur de torero
Malgré le discrédit des courses taurines, on lira avec plaisir ce bout de roman inachevé, fruit des passions multiples d’un torero disparu dans les années 1930, Ignacio Sánchez Mejías. Celui-ci fut un ami du poète Federico García Lorca (18981936), lequel composa à l’occasion de sa mort un Chant funèbre célèbre pour son refrain qui revient à chaque vers, « A cinq heures du soir ». A cette heure, le 11août 1934, Mejías était blessé à mort par l’animal qu’il toréait, à près de 43 ans. Retrouvée récemment dans une malle, cette ébauche prometteuse d’une défense et illustration de la corrida ne se contente pas de déployer les fastes et les clichés de l’Espagne « en rouge et or ». C’est un récit de l’intérieur sur l’existence mouvementée et parfois décevante d’un matador : José Antonio, adulé, certes, mais d’origine modeste, s’y heurte aux barrières sociales qui se dressent devant sa carrière et ses amours.