Plume au vent, avril 2017
La plume d’une rare élégance de David Bosc, à la fois vive et tenue, capte l’essence de personnages dressés chacun à leur manière contre l’ordre du monde. Si l’espace restreint des quatre brèves nouvelles réunies dans ce recueil ne permet pas à l’auteur le même déploiement de son talent que dans ses romans, comme l’incandescent Mourir et puis sauter sur son cheval, les destins évoqués acquièrent un caractère elliptique très frappant. Ce sont quatre époques bien différentes qui servent de cadre aux récits de vie d’êtres exigeants, solitaires, hors du commun. Au début du XIIIe siècle, à Palerme, Frédéric de Hohenstaufen, enfant roi livré à lui-même, s’imprègne de la culture, des langues et des savoirs de la ville arabo-normande. Le portrait de celui qui fut surnommé Stupor Mundi, conquérant pacifique de Jérusalem grâce à ses bonnes relations avec le monde musulman, est admirablement brossé par Bosc. Honoré Mirabelle, un valet de ferme provençal du XVIIIe siècle, a tant rêvé de la liberté qu’offre la richesse qu’il invente un immense trésor qui conduira finalement l’affabulateur en prison. Miguel Semper, maçon couvreur engagé dans les troupes antifascistes en 1936, connaît une vie âpre et solitaire après avoir déserté par dégoût de cette guerre inhumaine. Finalement, c’est dans la Marseille d’aujourd’hui que se lance à l’abordage d’un bateau-restaurant et placarde des citations tirées de l’Ancien Testament un jeune bourgeois entouré de squatteurs anarchistes.