Le Monde diplomatique, novembre 2014, par Aliocha Wald Lasowski

[…] Depuis peu, à travers récits de témoignage, de prise de position ou de remémoration, les écrivains parlent des corps souffrants, des sujets blessés et des êtres invisibles, migrants, précaires et victimes. L’essayiste Marielle Macé revient, dans Sidérer, considérer, sur la « sidération » qui l’a saisie devant l’installation de tentes de migrants sur le quai d’Austerlitz, à Paris. Presque effacé, le fragile campement nomade est réduit à l’invisible, dans un « voisinage exorbitant », explique Marielle Macé, avec la Bibliothèque nationale de France (BNF) et la Cité de la mode et du design. Les mémoires et les histoires peuvent-elles communiquer, cohabiter, coexister ? De quelle manière cette situation relève-t-elle d’un « impossible côtoiement » ? Questionnant le sens de la frontière et du limitrophe, de Hannah Harendt à Raymond Depardon, d’André Malraux à Pierre Bourdieu, son essai rejoint ici l’analyse de Gefen, tous deux offrant une réflexion sur l’espace de la rencontre des mondes.