Sud-Ouest, 19 novembre 2017, par Yves Harté

Le labyrinthe des toros

Yves Revert et Berta Vias Mahou, deux livres qui explorent le rapport entre réel et mensonge

Si l’on avait besoin de se souvenir combien le monde des toros est trivial, désespérant et magique, deux livres, aux antipodes l’un de l’autre, le rappellent avec propos.

Le premier, d’Yves Revert, raconte comment Budd Boetticher, Américain, fils d’une famille d’honorables protestants, réalisateur de séries B à Hollywood, grand spécialiste des westerns vite tournés, fut, dans sa jeunesse, dingue de corridas au point de devenir matador de jeunes toros. À la fin des années 1930, il côtoya au Mexique un crève-la-faim de son acabit, un apprenti torero qui allait devenir un monstre des arènes, le plus grand rival de Manolete et Dominguín, Carlos Arruza.

Vingt ans plus tard, Budd Boetticher entend recréer sur la pellicule la dramaturgie de l’arène. Son rêve est une quête : fixer sur la pellicule la réalité du drame qui se joue sous ses yeux. Autant dire le Graal des cinéastes. Mais pour dire le réel, il faut travestir et tromper quand la course de toros ne tolère que la vérité crue et l’acceptation de la mort. De cette histoire d’amitié, de tournages ratés, de film inachevé et pourtant sublime, Yves Revert a tiré un rare roman d’initiation. […]