Midi libre, 27 janvier 2018, par Muriel Plantier
Dans les pas de l’explorateur nîmois Paul Soleillet en Afrique
Un livre a parfois des conséquences inattendues. Après avoir lu Obock de l’auteur nîmois Jean-Jacques Salgon, sur les traces de Rimbaud et de Soleillet en Afrique, Daniel-Jean Valade, l’adjoint à la culture de Nîmes, a souhaité que l’histoire ne s’arrête pas la dernière page tournée : « Paul Soleillet était un grand explorateur français de l’Afrique, une vedette en son temps, à la fin du xixe siècle. Or, il est né à Nîmes où une rue porte son nom. Il était en Éthiopie au même moment que Rimbaud et ils se sont sans doute rencontrés là-bas. »
C’est ce que suppose Jean-Jacques Salgon, traçant les trajectoires parallèles de ces deux Français, trafiquants d’armes, « intrépides voyageurs », traversant les mêmes paysages, organisant des caravanes de chameaux pour leurs marchandises, croisant des négriers, tentant de faire leur vie dans cette Afrique où tous leurs espoirs ne sont pas toujours simples à réaliser. Deux êtres qui fascinent par leurs vies aventureuses mais aussi par leur mystère. Un appât irrésistible pour Jean-Jacques Salgon qui, en plus de ses recherches livresques, décide « de prolonger in situ une rêverie ». Du coup, son texte est plus qu’une biographie car s’y mêlent ses émotions et réflexions personnelles.
« Ces cent vingt pages très denses sont une confidence que nous fait ce passionné de voyage. Jean-Jacques Salgon nous entraîne dans sa propre enquête. Il met ses pas dans ceux de Rimbaud et Soleillet, s’enthousiasme Daniel-Jean Valade. Et on est pris dans les rais d’un art d’écrire et de penser qui peut sembler nous perdre, mais comme Proust, nous balade ; nous ouvre tant de portes (à la Lewis Caroll) et, finalement (au sens propre), nous révèle la cohérence parfaite du propos et son immense richesse. » Et quand au détour des pages, Jean-Jacques Salgon évoque une photographie d’un groupe d’hommes où une silhouette pourrait être celle de Rimbaud, Daniel-Jean Valade imagine de faire se croiser toutes ces pistes. C’est que cette image qui défraya la chronique en 2010 a été prise par Georges Révoil, fils de l’architecte nîmois.
« Tout ceci est captivant. J’ai contacté Jean-Jacques Salgon qui m’a fait rencontrer un de ses amis, Hugues Fontaine, passionné de Rimbaud. Tout est réuni pour monter un événement culturel sur Soleillet et Rimbaud, à Carré d’art, prévu en 2020. » Le pouvoir des livres.