La Montagne, 6 février 2018, par Robert Guinot
L’écrivain Mathieu Riboulet, enraciné en Creuse, est décédé
Sa famille paternelle était de Saint-Avit-de-Tardes et Mathieu Riboulet y vivait en partie. Cet écrivain est décédé lundi soir, à 57 ans, d’une longue maladie. Un hommage doit être rendu à son œuvre lors des prochaines Rencontres de Chaminadour, qui se tiendront à Guéret en septembre.
Une quinzaine de livres, le prix Décembre 2012, des textes révélateurs d’une forte personnalité d’écrivain, Mathieu Riboulet a indiscutablement marqué la littérature française.
Mathieu Riboulet devait être l’invité d’honneur des 13e Rencontres de Chaminadour qui se dérouleront à Guéret en septembre prochain. Son œuvre, en lien avec celle de Jean Genet, devait être éclairée par le regard d’universitaires, de romanciers, de chercheurs. Mathieu Riboulet ne sera pas au rendez-vous, il est décédé lundi, à Bordeaux, à l’âge de 57 ans, emporté par un cancer qu’il combattait depuis deux ans. « Mathieu est mort mais son œuvre sera abordée comme prévu comme une œuvre vivante, une œuvre très actuelle », souligne Hugues Bachelot, organisateur des Rencontres de Chaminadour. Ce mardi, Hugues Bachelot nous indiquait que les Rencontres auront bien lieu comme prévu. Elles prendront un caractère singulier, en hommage à un écrivain de tempérament, à l’œuvre importante mais qui reste à découvrir pour le grand public.
Mathieu Riboulet, bien qu’affaibli par la maladie, a eu l’énergie, ces derniers mois de préparer les Rencontres de Chaminadour en bénéficiant de la complicité d’amis écrivains dont le Prix Goncourt Mathias Enard.
Récompensé par le prix décembre en 2012
Mathieu Riboulet, bien que né à Paris en juin 1960, était Creusois. Il était même solidement enraciné au pays d’Aubusson, à la maison de ses ancêtres, située dans un village de la commune de Saint-Avit-de-Tardes.
Mathieu a grandi à Paris où vivait ses parents mais il a passé toutes ses vacances à Saint-Avit-de-Tardes. Après des études de lettres modernes et de cinéma, il s’est consacré pendant une dizaine années au court-métrage et au documentaire avant de s’adonner corps et âme à l’écriture. Après s’être un temps partagé entre Paris et Buffeix, il a choisi de vivre toute l’année dans la maison de ses ancêtres. Ces dernières années, à nouveau, il divisait son temps entre la Creuse et la capitale.
Mathieu Riboulet a écrit l’essentiel de son oeuvre dans sa maison de granit. Publié d’abord chez Maurice Nadeau (Un sentiment océanique, 1996), il a rejoint Gallimard (Les Âmes inachevées, 2004, et Le Corps des anges, 2005) et ensuite les Éditions Verdier, son éditeur fétiche qui en novembre dernier a réédité en poche « Le regard de la source ». Mathieu Riboulet a reçu le prix Décembre 2012 pour Les Œuvres de miséricorde, son livre phare. Autant de titres parmi une quinzaine qui marquent un parcours singulier qui se termine avec Lisières du corps et Entre les deux il n’y a rien (les deux chez Verdier en 2015) et un recueil de poèmes. Des textes souvent brûlants, marqués par les corps masculins, des phrases denses et tendues à la fois, des récits chargés de colère. Mathieu Riboulet avait du style, un style tout personnel. C’était un véritable écrivain, assurément un grand écrivain.