L’Humanité, 15 mars 2018, par Stéphane Aubouard

Golovanov, l’insensé voyageur

« Je travaille comme journaliste en Russie. Je fais partie de ce système. Et ça ne m’arrange pas du tout. C’est pourquoi j’ai besoin de sortir. Je prends de l’inspiration, de l’espace mais je ne sais pas exactement pourquoi. » Vassili Golovanov, qui sera présent au Salon du livre de Paris, est lucide sur le métier d’écrire et son quotidien parfois ranci. Aussi, quand il fait de la littérature, c’est à la manière des voyageurs du Moyen Âge. Écrire – vraiment – et marcher sont un seul et même verbe pour l’auteur d’Éloge des voyages insensés (Verdier, 2008) et Espaces et labyrinthes (Verdier, 2013). « Mon idée, c’est d’être en voyage dans son sens le plus strict, à la manière d’un Ibn Arabi… Je me sens comme un astronome à dresser une carte des étoiles, des morts et des vivants croisés au détour d’un souvenir de récit ou d’une rencontre réelle. » Vassili Golovanov ne ment pas. Quand il décide de partir dans le Grand Nord à la rencontre des nomades nénets, son rapport à la virilité est en jeu. « J’ai réussi à devenir matelot, mais j’ai eu peur. Je devais passer quatre mois sur la mer et j’ai quitté le bateau avant de partir… J’ai eu honte de cette peur. Je n’ai réussi à m’en débarrasser que le jour où j’ai compris que les difficultés étaient nécessaires à la dramaturgie ! »