L’Alsace, 1er juillet 2018, par Jacques Lindecker
Mathieu, encore
« Les fantômes ne nous sont pas hostiles. Il n’y a que les hommes de pouvoir et les hommes d’Église pour penser que les fantômes sont nos ennemis. » C’est un fantôme qui parle, un fantôme ami, donc, le fantôme d’un écrivain dont ce sont ici les derniers mots d’auteur. Mathieu Riboulet s’en est allé le 5 février dernier, il était l’un de ces écrivains rares et indispensables qui donnent à notre langue ses lettres de noblesse et à la littérature une œuvre obstinée et courageuse. Il est trop tard pour regretter qu’il n’ait pas eu davantage de lecteurs ; il n’est pas trop tard pour exiger qu’on le lise. Lier sa prose humaniste et terrienne qui refusait la fatalité – « Nous sommes pleins d’allant et de simples projets, nous sommes vivants ». Un homme qui savait l’urgence de créer, et qui donne ici la définition, ce « quelque chose dans l’air, les histoires qu’on raconte, nous rend tout à la fois modestes et invincibles. Car notre besoin d’installer sur la terre ce que l’on a rêvé n’a pas de fin ». Mathieu revient, on en veut encore.