Lire – le Magazine littéraire, octobre 2021, par Laëtitia Favro
C’est du côté de la Syrie que nous mène l’écrivain et poète belge Antoine Wauters avec Mahmoud ou la Montée des eaux. « Toute ma vie, j’ai écrit parce que je souffrais de voir se briser ce pays : celui des rêveries de l’enfant », constate le narrateur. S’échappant des combats et des exactions qui font rage dans cette région au printemps 2011, un vieil homme rame à bord d’une barque sur le lac el-Assad, puis y plonge équipé d’une lampe, d’un masque et d’un tuba. Ce poète contemple la maison où il est né, enfouie sous les eaux depuis la construction d’un barrage quarante ans plus tôt. Il songe à ses parents ; son premier amour, Leïla, morte quand elle était enceinte de leur fille ; la répression sous les présidents Hafez et Bachar el-Assad. Maintenant, sa femme Sarah n’est plus, ses fils sont allés se battre. Alors il s’accroche à ses souvenirs et à la littérature…
Défier la mort et la barbarie grâce à l’amour et la poésie était déjà le sujet du premier roman de Wauters, Nos mères. Sa prose incantatoire transfigure les genres (contes, romans, récits, poèmes) pour créer des personnages rares et des mondes parfois imaginaires dans lesquels s’inscrivent les inquiétudes et les drames de notre temps.