Vie nouvelle, septembre-octobre 2021, par Roger Martin
Voilà un livre indispensable. S’il n’est pas un roman noir stricto sensu, il en revêt bien des aspects. Car le retour au pays de Gabriel, journaliste à Paris, au décès de son père, dont la mort se double de celle de Turc, l’ami d’enfance, qui tenait absolument à évoquer avec lui des faits troublants, prend vite les allures d’une enquête, dont les racines plongent dans l’histoire des mines d’or de la vallée de l’Orbiel. Plus de cent ans d’histoire industrielle sur fond d’extraction et de pollution à l’arsenic, d’agriculture mortifère et d’humanité dévastée. Mais si l’auteur excelle à démonter les mécanismes d’une logique qui n’obéit à d’autres lois que celle du profit, son récit ne se limite pas au constat glaçant d’une région assassinée. Est-ce ainsi que des hommes et des femmes ont vécu, quasiment oubliés, ensevelis dans leur vallée morte ? Avec tendresse et sensibilité, à travers l’évocation de ses propres parents, l’auteur rend un hommage bouleversant aux petits et aux obscurs.